01/04/2009

Scythes et monte à cheval


Les peuples cavaliers ont régné sur des territoires immenses. Les Scythes en furent parmi les plus célèbres. La pratique depuis le plus jeune âge de la monte à cheval est susceptible de laisser des marques durables sur le squelette, au delà des classiques jambes en parenthèses (genu varum) popularisées par les bandes dessinées d’un célèbre cowboy !!
E. Wentz et Coll ont publié l’étude paléopathologique de deux squelettes datés de 350 BC découverts dans un tumulus royal dans le Sud de l’Ukraine (International Journal of Osteoarchaeology 2009; 1:107-115). Ces squelettes sont mal conservés avec la moitié environ d’un squelette très altéré d’un adulte d’environ 25 ans et le tiers d’un adulte mature. Les marqueurs osseux retenus par les auteurs comme témoignant d’une pratique intensive de l’équitation sont notamment la présence sur les quelques vertèbres conservées de lésions arthrosiques et de nodules de Schmorl (hernies intra-spongieuses vertébrales). Les auteurs appuient leur hypothèse sur le fait que dans une population paléoindienne nord-américain consommant des chevaux mais ne les ayant pas domestiqué qu’ils ont étudié et dont ils présentent les résultats, les nodules de Schmorl sont rares (5% pour 38 sujets). Par ailleurs, une asymétrie des crêtes interosseuses postérieures des tibias d’un sujet serait les conséquences de montée et descentes fréquentes de cheval, des séquelles de fractures seraient liées des chutes de cheval et une asymétrie des ulnas, à l’usage de l’arc chez le sujet âgé.
Même si il est tout à fait possible qu'effectivement ces restes appartiennent à des sujets ayant pratiqué intensément la monte à cheval, les arguments mis en avant sont légers. Cette étude me semble illustrer le danger d’un raisonnement circulaire pour l'étude de marqueurs d'activités. Ce sont des Scythes, les Scythes montaient à cheval et tiraient à l’arc donc toutes les constatations anatomiques et pathologiques sur deux squelettes même très incomplets sont liées à leur mode de vie supposé. Ainsi, les nodules de Schmorl que l’on peut rencontrer chez bien des adolescents aujourd’hui, en particulier en cas d'activité physique intense (gymnastes), ne peuvent être mis en relation aussi directe avec la pratique équestre.
Une étude bien plus précise de marques osseuses de la pratique équestre sur le squelette d’une femme découvert dans une sépulture Hunnique, travail malheureusement non cité par les auteurs, avait été publiée par J Blondiaux (A propos de la Dame d’Hochfelden et de la pratique cavalière : in La femme pendant le Moyen âge et l’Epoque moderne : Dossier de documentation archéologique N° 17, 1994, CNRS édit, 97-110).