31/05/2009
Amidon et Paléonutrition
Les marqueurs utilisés en paléonutrition sont le plus souvent indirects, comme les marqueurs isotopiques osseux. Dans l’étude de K. Hardy et Coll (Journal of Archaeological Science 2009 36 : 48-55), pour la première fois, un marqueur direct des aliments consommés, l’amidon piégé dans le tartre dentaire a été recherché pour appréhender la consommation de céréales.
Par une méthode très sophistiquée, les auteurs ont extrait l’amidon du tartre dentaire et ont analysé la morphologie des grains. Cette étude princeps a porté sur des chimpanzés et de petits échantillons provenant d’un site datant de l’âge du bronze d’Anatolie et de sites historiques de Grande-Bretagne.
Des granules d’amidon ont pu être mis en évidence dans tous les échantillons. Leur morphologie est parfois altérée. La cuisson, la mastication des aliments et la diagenèse peuvent en être la cause. La comparaison avec les grains d’amidon de végétaux actuels a permis, par exemple, d’identifier des grains provenant de tubercules dans le site préhistorique d’Anatolie, d’orge dans un site historique. Par cette étude, les auteurs ont démontré la faisabilité de l'extraction et de l'identification des grains d’amidon du tartre dentaire, correspondant donc à des plantes qui ont été mastiquées. Les limites techniques sont d'une part la nécessité d’un bon état de conservation des grains et d'autre part le fait qu'il n'est possible que de déterminer le genre des plantes et non l’espèce.
Cette méthode ouvre cependant la voie à une approche directe de la consommation de céréales dans les populations archéologiques.