22/05/2009

La spondylolyse chez des paléo-indiens


La spondylolyse (du grec spondylos , vertèbre et lysis , destruction) est définie par la présence d’une séparation entre l’arche neurale et le corps vertébral. La localisation préférentielle est la cinquième vertèbre lombaire (L5), plus rarement la quatrième lombaire (L4) et la première vertèbre sacrée (S1). Les controverses sur l’étiologie de cette affection furent longues et nombreuses. Les tenants d’une hypothèse congénitale s’opposèrent longtemps à ceux d’une origine traumatique ou microtraumatique. L’hypothèse d’une fracture de fatigue, basée sur des travaux de médecine sportive, s’est imposée et ce mécanisme physiopathologique explique vraisemblablement la plupart des atteintes.
Dans les populations historiques et modernes européennes le taux est beaucoup plus faible, proche de 6 à 7%. Nous avions observé une prévalence de 4,9% sur un effectif de 102 rachis d’une nécropole historique (Paleobios 2004 13- lien dans le titre de cette note). Dans les populations anciennes nord-américaines, les taux les plus élevés sont rencontrés chez les Inuits.
L’étude réalisée par E Weiss sur 146 squelettes (66 H, 66 F et 14 indéterminés) d’une population paléoindienne d’un mound de la baie de San Francisco en Californie, datée de 2080 à 250 BP (International Journal of Osteoarchaeology 2009 19 375-385) retrouve également des taux très élevés de 16,4%. Les hommes ont la prévalence la plus forte (26% versus 11%). Une association significative avec une lombalisation de S1 n’a été notée que chez les hommes. Ce taux élevé de spondylolyse est en faveur de contraintes mécaniques importants dans cette population, notamment chez les hommes.
La spondylolyse est un marqueur utile pour approcher les contraintes physiques des populations mais nous considérons que seuls des taux élevés (au delà de 10%) dans une population peuvent avoir une signification, à condition que l'effectif soit important. Il n’est pas possible d’attribuer à cette lésion une valeur individuelle d’information sur le mode de vie d’un sujet donné, seule une étude statistique a une signification.