05/06/2009

Paléopathologie de la maladie de Paget


La maladie osseuse de Paget (osseuse car Sir James Paget a décrit trois maladies qui portent son nom dont une est une forme de cancer du sein) est une ostéite déformante associant une remodelage osseux et une fibrose médullaire. Aucune étiologie n’a été prouvée mais il existe des formes familiales héréditaires pour laquelle il a été récemment mis en évidence un déterminisme génétique avec présence de mutations chromosomiques. Cette affection touche essentiellement les populations d’origine européenne.
De nombreux cas isolés ont été décrits en paléopathologie. Le diagnostic est suspecté devant un os déformé, comme soufflé par exemple le crâne, un fémur, une vertébre, un des deux os coxaux) mais c’est l’aspect radiographique qui est le plus évocateur avec notamment un élargissement de la corticale, un épaississement de l’os trabéculaire donnant un aspect floconneux des os. Idéalement, une histologie est réalisée qui montre des remaniements architecturaux osseux. Le diagnostic différentiel est essentiellement celui de métastases de cancer osseux.
A. Wade et coll (Paleopathology Newsletter, 2999 146: 24-32) en ont étudié un cas issu d’une collection anatomique. Il proposent une courte revue de la littérature (sans signaler les travaux génétiques récents) et insistent sur l’intérêt de l’imagerie scannographique et en particulier des coupes fines des scanners médicaux qui permettent d’apprécier l’aspect de la structure interne osseuse et facilitent le diagnostic.
Dans l'avenir, la paléopathologie de la maladie de Paget bénéficiera probablement des progrès de l’imagerie avec les microscanners qui permettent d’analyser la microstructure osseuse et, du fait de ces mutations chromosomiques, de la paléogénétique.

02/06/2009

Alimentation autour du Lac Baïkal à l’Âge du Bronze


Des chercheurs russes, canadiens et britanniques étudient les populations de l’Âge du Bronze autour du lac Baïkal dans le cadre d'un projet multidisciplinaire. A. Katzenberg et Coll (Journal of Archaeological Science 2009 36:663-74) ont étudié la paléonutrition dans la nécropole de Khuzhir XIV, utilisée pendant 700 ans (2100-2700 BC). Au cours de plusieurs études préliminaires, toutes publiées antérieurement, ils ont analysé la composition isotopique des restes fauniques archéologique, de la faune, des poissons et de la flore actuelle de la zone du lac. Ces études ont permis de préciser les teneurs isotopiques dans chaque espèce.
Dans le cadre de l'étude bioarchéologique des restes humains, leurs teneurs en collagène, en carbonate et les isotopes 13C /25 N ont été analysées.
Il est apparu que ces populations tiraient leur apport carné essentiellement des poissons, en particulier des espèces vivant près du rivage, avec une part plus limitée de faune terrestres voire de phoques.
Il a été observé une variation individuelle de la teneur en 25 N selon la position des individus dans la nécropole ce qui pourrait reflétait des élément d’ordre social.
Il n’existait pas ce corrélation entre de la teneur en dans le collagène et le carbonate des os. Ce point pourrait refléter des variations saisonnières et au cours du temps de la proportion d’animaux terrestres et de poissons consommés. Cette teneur relative de 13C collagène/carbonate pourrait être dans l’avenir un marqueur utile pour les sujets ayant des apports carnés mixtes.
Ce corpus d’étude sur la préhistoire et la bioarchéologie autour du lac Baïkal représente dès à présent une source exceptionnelle d’informations (Site internet du projet Baïkal en cliquant sur le titre de cette note).

01/06/2009

Paléotraumatologie des guerriers mongols


Les fouilles archéologiques en Asie centrale permettent de retrouver les restes des grands peuples cavaliers, nomades et guerriers qui l’ont peuplé. X. Jordana et Coll (Journal of Archaeological Science 2009 ; 36 :1319-27) ont ainsi étudié la paléotraumatologie de 10 squelettes (7 hommes, 1 femmes, 2 enfants) découverts dans un tumulus de l’Age du Bronze (culture Pazyryk, liée aux Scythes) en République de l’Altaï, dans les montagnes de Mongolie, et datés du 5° siècle BC.
14 lésions traumatiques directes par armes (os coupé, crâne enfoncé) ont été retrouvées sur 7 sujets dont la femme et un des enfants. Six lésions osseuses étaient cicatrisées et correspondaient donc à des blessures survenues à distance du décès mais 8 autres, dont des lésions crâniennes, étaient non cicatrisées et ont donc pu être létales.
Les lésions ont probablement été causées par des armes divers (haches, flèches, poignards) et la variété topographique plaide pour des combats et agressions d’une extrême violence qui ont ainsi concerné hommes, femmes et enfants. Par ailleurs, un des crânes présente sur sa voûte de fines entailles qui sont en faveur du détachement du scalp.
Toutes ces données sont concordantes notamment avec les écrits d’Hérodote sur les mœurs de ces peuples que les études paléopathologiques, dont celle-ci, contribuent à objectiver.