11/01/2010

Couper des cheveux en quatre pour du cortisol ?


Jusqu'à présent, l'hormonologie par dosage direct était un domaine non exploré en paléopathologie. Une étude princeps vient d'être publiée par E. Webb et al (Journal of Archaeological Sciences 2009 on line) qui porte sur le dosage du cortisol dans des restes archéologiques de cheveux.

Les auteurs ont sélectionné 10 échantillons provenant de 5 sites péruviens datés entre 1470 et 500 AD. Le cortisol a pu être dosé dans chaque échantillon. Chaque cheveux a été coupé en plusieurs segments pour analyser la variation du taux au cours du temps et en particulier comparer la période pré-mortem aux périodes plus anciennes de la vie des sujets. Les dosages ont été fait par méthode ELISA assurant de la spécificité du dosage.

Les auteurs constatent une tendance à des valeurs plus élevée de cortisol dans la partie proximale des cheveux, ce qu'ils interprètent comme pouvant témoigner d'un stress dans les derniers mois ou année de la vie. Les auteurs rappellent la grande variabilité des taux de cortisol chez un sujet, selon les sujets et la méconnaissance des effets de la diagenèse, même si les conditions de conservation pour ces momies naturelles en milieu très sec sont particulièrement favorables.

Les résultats de cette étude doit être considéré avec une grande prudence. Si il est très intéressant d'avoir pu objectiver la possibilité de dosage du cortisol dans des restes archéologiques, il est plus difficile de suivre l'interprétation de ces résultats sur d'aussi faibles échantillons de sujets dont on ignore tout des circonstances et causes de décès. Cette théorie du taux de cortisol-marqueur de stress repose sur un concept un peu simpliste présenté en quelques lignes et trois références très générales. Un taux faible de cortisol n'est pas en médecine un marqueur de vie sereine mais plutôt à l'inverse un élément délétère et un taux élevé n'est pas considéré comme une réponse durable à un stress physiologique ou environnemental mais un marqueur pathologique. Aucune étude sur des sujets modernes n'est cité par les auteurs à l'appui de ce concept. D'autres travaux seront nécessaires avant de valider cette hypothèse.

les termites et les os


Parmi les nombreuses causes d'altération taphonomique des restes humains, la responsabilité des insectes est de plus en plus mis en avant. Dans un site péruvien de la Culture Moche étudié par J-B Huchet et al (International Journal of Osteoarchaeology 2009 on line) des tombes ont été découvertes avec des restes humains et des éléments sépulcraux comprenant des poteries, des ornements funéraires métalliques et des restes de matières organiques dont des linceuls de roseaux. Un squelette féminin présente de multiples et larges sillons que les auteurs ont pu rapporter à l'action de termites. Les insectes ont principalement attaqué les os du bassin et du crâne et de façon moins marquée, le squelette post-crânien, comme dans d'autres cas décrits dans la littérature.

Les termites, classifiées en plusieurs taxons, sont caractérisées par leur mode de vie et leurs préférences alimentaires. Les espèces vivant dans les sols (Rhinitermidae) sont en cause dans ces attaques de restes osseux. Les auteurs détaillent dans cet articles les données bibliographiques sur le rôle des termites en taphonomie. Dans le cas décrit, les termites auraient été attirées par la cellulose du linceul mais aussi par les os eux-mêmes. Ainsi, plusieurs espèces de termites peuvent être ostéophages et créer d'importantes altérations osseuses post-mortem.