24/01/2010

Horloge moléculaire et paléopathologie des tréponématoses


Les tréponématoses regroupent des maladies endémiques (Pian, Bejel, Pinta) et la syphilis vénérienne. L'histoire de la syphilis et surtout l'hypothèse de son arrivée en Europe avec les marins revenant des Amériques a fait couler beaucoup d'encre. Il y a eu, il y a quelques années, une recherche intense de cas paléopathologiques datant d'avant la découverte de C. Colomb. De nombreux cas ont été décrits mais tous ne sont pas convaincants. Le plus ancien (et un des moins probables) est un cas de périostose sur un Homo erectus africain.
Une équipe brésilienne dirigée par F Lucas de Melo vient de publier (PLos Neglected Tropical Diseases 2010 on line) un article dans lequel ils confrontent les données paléopathologiques aux données moléculaires (séquençage d'ADN) publiées par l'équipe de K. Harper. Ils proposent plusieurs hypothèses phylogéniques pour la syphilis et considèrent comme probable son émergence entre 16500 et 5000 BP dans une région du mode indéterminée.
Cet article est commenté par K Harper dont les données ont donc servi de base à ces hypothèses. Elle réfute tous les points avancés par ces auteurs. Les données moléculaires proposées par son équipe ne permettent pas d'estimer les périodes de divergence des tréponèmes, les cas paléopathologiques attribués à des tréponématoses sont souvent des lésions aspécifiques, il n'est pas possible de différencier ostéologiquement les différentes tréponématoses, certains diagnostics sont plus que douteux comme notamment celui de cet Homo erectus et le nombre de cas paléopathologiques de tréponématose bien argumentés est réduit. Pour cet auteur, il est certes utile de confronter paléopathologie et paléomicrobiologie mais l'état actuel des connaissances ne permet pas d'appliquer le concept des horloges moléculaires pour reconstituer l'histoire de la syphilis.
Il ne faut donc pas faire dire à des données de paléomicrobiologie plus qu'elle ne signifient.
Ces deux articles peuvent être lus en cliquant sur le titre de cette note.