02/04/2009

Traitement par le mercure au Moyen age

Les textes historiques indiquent que les traitements de la lèpre et la syphilis au Moyen âge reposaient sur des médicaments à base de mercure (sulfate de mercure), utilisé aussi comme colorant pour la couleur rouge dans les enluminures des manuscrits. Ce minéral très toxique a une haute affinité pour les tissus dont les os. Rasmussen et Coll (Journal of Archaeological Science 2008;35 :2295-2306) ont analysé les taux de mercure dans des ossements humains médiévaux danois conservés dans des musées et provenant de 6 sites.
Ils ont analysé des squelettes présentant des lésions de lèpre ou syphilis et aussi un type de lésion jamais décrite en paléopathologie qu’ils ont nommé « Focal Osteolytic Syndrome » (FOS). Des squelettes de moines ont également été analysés, car certains pouvaient avoir été en contact avec le mercure en préparant les traitements et d’autres, en réalisant des enluminures.
Les auteurs ont démontré que le mercure ne provenait pas du sol et qu’il n’y avait pas de diagenèse significative.
Pour les syphilitiques, un taux élevé a été retrouvé dans 40% des cas. Pour les lépreux, ce taux est de 79%. Aucun cas de FOS n’a de taux élevé de mercure qui ne devait donc pas être utilisé pour le traitement de cette affection. Parmi les moines, dans un seul site, 5 ont des taux élevés qui pourraient correspondre à des absorptions passives avec l’encre des enluminures ou la préparation des traitements.
Ces résultats sont en accord avec les données historiques car si une partie seulement des syphilitiques était traitée par des vapeurs de mercure, tous les lépreux l'étaient et il était probable qu’une exposition passive au mercure était fréquente au Moyen âge.