02/07/2009

Tuberculose et ADN, problème méthodologiques


Le diagnostic de tuberculose par mise en évidence de l’ADN de mycobacterium tuberculosis est, à l’évidence, un progrès majeur en paléopathologie. Cependant, comme pour toute recherche d’ADN, la problématique doit être bien posée, les conditions de recueil des prélèvements et d’analyse en laboratoire imposent des précautions drastiques.
Ces problèmes sont explicités par A.K. Wilbur et coll (Journal of Archaeological Science 2009 sous presse on line). Les auteurs rappellent très opportunément qu’une recherche d’ADN microbien, analyse destructrice d’ossement, ne doit être réalisée que si elle s’inscrit dans un questionnement scientifique rigoureux. Sachant que pour obtenir un gramme de matériel osseux analysable il faut un échantillon initial d'os d’environ 2x2x1 cm et qu’il doit être doublé afin d’avoir un témoin, il est clair que la pièce sera mutilée par le prélèvement, et en particulier au niveau où les plus importantes lésions sont visibles.
Certaines études d’ADN tuberculeux sont sans justification scientifique selon les auteurs. Ainsi, la recherche itérative devant des lésions plus où moins typiques du plus ancien cas de tuberculose n’a pas d’intérêt sachant que le germe existait bien avant l ‘apparition d’Homo sapiens.
Les auteurs se livrent ensuite à une sévère critique d’un article de Hershkovitz et Coll (Plos One 2008, 3, 10, e3426) où le diagnostic de tuberculose chez un adulte et un enfant du site Néolithique du Moyen Orient de Atlit-Yam avait été retenu et avait conduit à une analyse d’ADN. Ils considèrent que les critères macroscopiques pour le diagnostic de tuberculose n’étaient pas présents et donc que les prélèvements n’étaient pas justifiés et que les résultats paléobactériologiques sont contestables et pourraient refléter des contaminations. Ils récusent donc à la fois le diagnostic macroscopique et paléobactériologique de cette étude.
Les auteurs rappellent l’importance d’un diagnostic macroscopique précis en indiquant les aspects pathognomoniques et non pathognomoniques des tuberculoses en paléopathologie.
La méthodologie, du prélèvement à l’analyse, doit reposer sur des critères validés. Les risques de contamination depuis le prélèvement jusque durant les analyses sont majeurs pour des germes très répandus. Les auteurs exposent de façon très détaillée l’état des connaissances paléobactériologiques et indiquent que les recherches futures doivent être focalisées sur la co-évolution tuberculose/ homme.