31/03/2009

Décapitation romaine

La décapitation était une mort honorable dans l’Empire romain puisque réservée aux citoyens romains auxquels étaient évités les supplices comme la crucifixion. Des cas de décapitations avec l’aspect classique de vertèbres cervicales tranchées ont été plusieurs fois décrits en paléopathologie. En dehors de la décapitation-exécution, le combat pouvait être à l’origine d’une décapitation-traumatisme.
L’observation présentée par S. Sublini Saponetti et Coll ( Forensic Science International 2008, 176 : e11-16) concerne le squelette d’un adulte jeune découvert en Italie dans un cimetière daté du 5°-6° siècle à Canosa dans le Sud de l’Italie qui présente une lésion crânienne de décapitation accompagnée de lésions multiples traumatiques des membres. Les tibias ont des marques de blessure par flèche ou lance, les os de l’avant-bras gauche sont tranchés et correspondent probablement à un coup porté sur un bras levé pour se protéger.
La lésion du crâne associe une entaille de la mastoïde gauche, de la branche mandibulaire gauche et des deux premières vertèbres cervicales. La tête devait être donc presque détachée du cou. Cette quasi-décapitation résulte d’un coup porté violemment avec une arme très tranchante par un adversaire frappant latéralement.La surface du crâne présente des entailles superficielles très en faveur de l’enlèvement du scalp.
La période de décès de ce polytraumatisé correspond à la phase d’invasion de l’Italie par les peuples des steppes (Huns, Avars) et les lésions sont compatibles avec leur armement et leurs pratiques au combat.
Ce cas est un des rares témoignages bien documenté des combats menés lors des Invasions qui précipitèrent la chute de l’Empire romain .

Lignes de Harris du premier métatarsien


Les lignes de Harris sont des stries linéaires transversales observées de façon inconstante sur les radiographies d’os longs. De très nombreux travaux ont été consacrés à leur mode de formation. Elles correspondent à des arrêts transitoires de la croissance en longueur des os longs au cours de l’enfance. Ces lignes de Harris sont un phénomène physiologique, la croissance n’étant jamais continue, et elles peuvent apparaître chez des enfants en bonne santé. Cependant, il a été aussi bien montré que les agressions (stress au sens anglo-saxon) de toute nature ex : traumatisme, maladies infectieuses, intoxications sont souvent accompagnées de la formation de lignes. Ces lignes de Harris s’inscrivent dans le phénomène physiologique très dynamique des remaniements osseux au cours de la croissance et de la vie et peuvent donc disparaître. L'hypothèse conceptuelle de leur étude est qu'un nombre de ligne de Harris élevé dans une population témoignerait de conditions socio-économiques plus précaires que dans une autre où ces lignes seraient moins fréquentes.
Les lignes de Harris ont surtout été étudiées principalement sur des tibias. Des études ont montré une grande variation inter et intra-observateur du nombre de lignes de Harris observées pour le tibias, os par ailleurs parfois mal conservé, conduisant à une remise en cause de l'intérêt de les étudier .
L’auteur de ce blog vient de publier une étude portant sur l’intérêt d’utiliser le premier métatarsien au lieu du tibia (Open Anthropology journal 2009; 2: 36-39). Cet os plus petit et robuste est souvent très bien conservé. La variation inter et intra-observateur et entre des paires d’os pour le décompte des lignes de Harris n’est pas significative.
Il apparaît donc qu’il peut être plus intéressant de radiographier des séries de premiers métatarsiens que de tibias pour étudier les lignes de Harris dans une population, car on obtient des effectifs importants avec en plus un coût réduit compte tenu de la taille de l’os. Il reste cependant des inconnues et des doutes sur le concept même des lignes de Harris comme marqueur de stress et d’autres études seront nécessaires pour valider la signification des lignes de Harris du premier métatarsien.
Ce travail est téléchargeable en cliquant sur le titre de ce texte.