09/10/2009

Evolution des germes de la tuberculose

Des lésions de tuberculose osseuse sont observées en paléopathologie depuis le Néolithique. L'évolution des connaissances microbiologiques avec le séquençage du génome de Mycobacterium tuberculosis et de ces variants a relancé le débat sur l'origine des deux variants pricipaux retrouvés dans les atteintes humaines : Mycobacterium bovis (MB) (fréquente en Europe par contamination alimentaire de lait de vache infectée avant la pasteurisation au 19° siècle) et Mycobacterium tuberculosis (MT) à tropisme pulmonaire et transmission aérienne. La notion ancienne dérive de MT à partir de MB avec la domestication du bétail au Néolithique a été battue en brèche par l'analyse du génome qui a montré que MT a une structure génomique faiblement dérivée d'une forme ancestrale et que MB est une forme ayant subi des mutations et donc plus récentes que MT.
AG Nerlich et Coll qui ont une expertise dans l'étude de l'ADN tuberculeux par méthode PCR en paléopathologie ont proposé une intéressante revue de ce problème (Interdisciplinary Perspective on Infecious disease 2009 ID 437187 open access). A partir d'une présentation des données de la littérature et de leur expérience, notamment sur des momies égyptiennes et des séries européennes historiques, les auteurs précisent que la tuberculose était présente depuis au moins 3200 BC avec une prévalence élevée.
La sédentarisation des populations abandonnant le mode de vie des chasseurs-cueilleurs pour une vie en village aurait été le facteur majeur d'extension et d'évolution microbiologique de la tuberculose. Ainsi, dans les séries égyptiennes, on observe dans les périodes pré-dynastiques (3500-2650 BC) essentiellement la forme ancestrale de Mycobacterium, au Moyen Empire (2050-1650 BC) il existe une dominance d'un autre variant M. africanum et dans les périodes les plus récentes (1500-500 BC) M.T prédomine. Aucun cas de MB n'est observé alors que ce variant est rencontré dans d'autre régions du monde comme la Sibérie vers 50 BC. Ces variations observées dans certaines régions au cours du temps méritent une analyse plus précise des facteurs environnementaux. Le nombre d'analyses génomiques des lésions tuberculeuses en paléopathologique reste cependant limité et leur multiplication devrait permettre de mieux appréhender l'évolution microbiologique de la tuberculose dans les populations anciennes.
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