25/08/2009

Reconstitution aberrante d'une mandibule



Jusqu'à une cinquantaine d’années, les fossiles humains découverts fragmentés faisaient l’objet de reconstitution avec ajout de matériaux synthétiques divers entrainant parfois des erreurs importantes. L’imagerie 3D permet des démontages virtuels et remontages de ces fossiles pour de nouvelles études. Une situation plus rare est la confusion de restes d’animaux avec des fossiles humains.

Le crâne et la mandibule d’un jeune enfant ont été découverts dans un niveau magdalénien de la grotte de Rochereil, Dordogne, France en 1939. Très fragmentés, ils ont été prélevés avec les sédiments environnants en un seul bloc, dégagés en laboratoire puis reconstitués. Le crâne avait été mal reconstitué et le diagnostic d’hydrocéphalie qui avait été retenue était de ce fait erroné (B Mafart et al, C .R. Palevol. 2007, 6, 569-79).

La mandibule a été également reconstituée de façon erronée (B Mafart, C.R. Palévol, 2009, 8, 403-12). Si les trois molaires déciduales sont bien humaines et en place, en revanche, seule une des six dents du bloc incisivo-canin, une deuxième incisive déciduale droite est humaine mais positionnée à gauche. Les autres dents sont des incisives et canines de plusieurs jeunes rennes adultes. La confusion de ces dents animales, provenant vraisemblablement des sédiments environnants, avec des dents pathologiques d’enfant a été favorisée par l’existence de lésions pathologiques crânienne et mandibulaire. La possibilité de reconstitution aberrante avec confusion avec des restes animaux doit être systématiquement évoquée pour des fossiles restaurés dans le passé.