25/04/2009

Ostéoporose dans l'Egypte antique


L‘ostéoporose a longtemps a été considérée comme absente dans les populations du passé dont l’espérance de vie était faible et qui étaient considérées comme physiquement tellement actives qu’il ne pouvait exister de déminéralisation avec l’âge. Des études histologiques confirmaient ce fait selon certains auteurs. Depuis quelques années, plusieurs auteurs dont S Mays en Grande-Bretagne et l’auteur de ce blog en 2001 et 2008 (http://bertrand.free.fr/publications.htm), ont publié des études par absorptiométrie de populations médiévales démontrant une déminéralisation post-ménopausique chez les femmes identique à actuellement.
Une nouvelle étude a été réalisée sur des squelettes égyptiens de la nécropole de Giza (2687-2191BC) par ME Zaki et coll (International Journal of Osteoarchaeology 2009 ; 19 : 78-89). L’échantillon comprenait 74 sujets (43 H/31F) de deux classes sociales différentes : notables (24H/15F) et ouvriers (19H/16F), classés en 5 classes d’âge au décès. Les auteurs ont analysé la minéralisation par absorptiométrie et la microarchitecture osseuse par microscopie électronique. Pour les auteurs, il existe une déminéralisation croissante avec l’âge dans les deux sexes. L’ostéopénie et l’ostéoporose seraient plus marquées chez les hommes dans le groupe ouvriers et chez les femmes dans le groupe notables. Ce résultat est interprété comme en relation avec dans le premier cas, des stress nutritionnels et des travaux pénibles et, dans le second cas, par une sédentarité des femmes de notables.
Cette étude pêche par de nombreux points méthodologiques. Notamment, les effectifs sont trop faibles pour chaque sous groupe pour être exploité (même si ils sont testables statistiquement, il n’en sont pas pour autant biologiquement valable). Ainsi, il n’existe que 6 hommes et 7 femmes de plus de 50 ans, toutes séries confondues.
La conclusion semble d'ailleurs en elle-même peu crédible. Les femmes d’ouvriers auraient donc été à la fois mieux nourries et raisonnablement active leur permettant d’éviter une hypominéralisation carentielle dans l'enfance et l'ostéoporose post-ménopausique. La déminéralisation par conjonction de carence dans l’enfance et d’une hyperactivité chez l’homme n’est pas démontrée chez le sujet actuel, seule une étude réalisée en Inde de 1996 avait émis l’hypothèse de son existence.
A noter, l’absence de présentation des résultats des groupes séparés ne permettant pas d’apprécier les effectifs par sites et classe d’âge,de nombreuses erreurs dans la mise en forme (Tableau 1 avec intitulés erronés, inversion des figures a et b).
Une étude portant sur des effectifs plus importants avec une méthodologie rigoureuse est souhaitable.