21/05/2009

Chondrocalcinose et ambiguité terminologique


Lorsque les terminologies médicales francophones et anglophones diffèrent pour une même affection, il suffit de les traduire. Plus difficile est la situation où un terme médical recouvre des entités proches mais non superposables selon les auteurs. C’est le cas pour les mots chondrocalcinose et chondrocalcinosis.
La chondrocalcinose est une arthropathie métabolique fréquente du sujet âgé caractérisée par l'infiltration par des cristaux de pyrophosphate de calcium des (fibro-) cartilages (typiquement du ligament triangulaire du carpe et des ménisques) et pouvant se traduire cliniquement par des poussées inflammatoires articulaires. Sa traduction en chondrocalcinosis avec pour synonyme « calcium pyrophosphate dihydrate disease » recouvre la même définition que pour les francophones.
Il semble que certains auteurs anglophones regroupent sous ce terme toutes les calcifications acquises de tissus myo-ligamentaires avec des causes multiples qui vont de la simple dégénérescence discale à l’acromégalie en passant par la chondrocalcinose strictu senso.
Ainsi, un article de S Mays et coll (International journal of Osteoarchaeology 2009 , 19 : 39-46) illustre cette ambiguîté terminologique. Il y est présenté un cas de «chondrocalcinosis » avec des calcifications intervertébrales associées à des lésions arthrosiques sévères des deux épaules, à des calcifications tissulaires d’origine inconnue car découvertes dans les sédiments, à des lésions fémorales (mais avec une manifeste ostéochondrite fémorale donc survenue dans l’enfance) et à des ostéophytes assez banaux. Les auteurs discutent les différentes étiologies possibles pour ce cas selon ce concept élargie «chondrocalcinosis» en particulier une ochronose sans pouvoir conclure d’autant que les études physico-chimiques des calcifications, dont la provenance peut être très diverse, n’ont rien donné. Cette discussion n'a pas de sens si on adopte la définition classique de la chondrocalcinose.
Il est donc très important de se méfier des différences terminologiques en paléopathologie, de bien déterminer le sens attribué à des syndromes et maladies par les différents auteurs, comme il faut se méfier des «faux-amis» en langue anglaise.