17/05/2009

Cribra orbitalia et hyperostose porotique crânienne


En paléopathologie comme dans bien des domaines, il y a des sujets qui sont périodiquement traités sans qu’aucune conclusion définitive ne puisse être portée. C’est le cas des facteurs déterminant la présence de cribra orbitalia, cet aspect microporeux orbitaire, et de l’hyperostose porotique qui est le même type de lésion mais sur la voûte crânienne. PH Walker et Coll proposent une mise au point bibliographique sur ce sujet (American journal of Physical Anthropology 2009, pre print on line). Par une analyse exhaustive de la littérature (5 pages et demi de références), ils décrivent les différents aspects lésionnels et s’attachent à analyser tous les facteurs étiologiques qui ont été évoqués par les différents auteurs.
Ils discutent le rôle des différents facteurs étiologiques à la lumière des données archéologiques, historiques et bioanthropologiques des populations des Pueblos des Etats-Unis.
A partir de ces données, leur conclusion est que ces deux lésions ne sont pas liées à des anémies ferriprives (carence en fer) mais résultent d'une conjonction de facteurs : carences nutritionnelles, états sanitaires médiocres, infections notamment intestinales, pratiques culturelles avec des accès variables selon les sujets aux moyens de subsistance. Le mécanisme physiopathologique serait une hyperplasie médullaire secondaire à des anémies mégalobastiques qui seraient donc les responsables directs de ces aspects de cribra orbitalia et d’hyperostoses porotiques. Ces anémies résulteraient de carences en Vitamine B12 chez les mères, aggravées chez l’enfant par une alimentation carencée et des infections digestives.
Les auteurs, par une déduction quelque peu audacieuse, indiquent que les carences en B12 ayant des conséquences neuropsychiques, cela pourrait avoir contribué à l’existence de l'importante violence interpersonnelle et de l’anthropophagie décrites dans les populations des Pueblos qui présentent fréquemment de telles lésions osseuses !